Plus personne n’ignore que l’électricité est considérée comme l’énergie propre du futur, particulièrement dans le domaine des transports. Tout le monde a entendu parler de l’odyssée de l’avion Solar Impulse, qui a réussi à boucler un tour du monde uniquement propulsé par l’électricité solaire… mais nous vous avons déjà présenté les projets un peu fous du QuadroFoil, de l’AeroMobil hybride situé quelque part entre le skate bord et le mini quad électrique. Les exemples ne manquent donc pas dans le domaine du transport personnel sur terre ou sur l’eau, voire même dans l’air… Pourtant personne jusqu’ici, ne s’était aventuré aussi loin que la présentation d’un projet avancé d’avion de ligne électrique. EasyJet l’a fait…
On ne peut accuser la compagnie à bas coût britannique (qui est aussi deuxième dans le ciel français, juste derrière Air France) d’être un acteur plaisantin du secteur aérien. Donc, si EasyJet a décidé qu’il était temps de présenter son avion de ligne électrique, cela ne peut clairement signifier que deux choses : que son projet est très avancé et peut être considéré comme à tout le moins sérieux, mais aussi que la concurrence ne doit pas être bien loin derrière elle en la matière. Il était sans doute grand temps de franchir le cap, pour que la compagnie anglaise s’assure d’une première et d’un sacré joli coup de com’ !

Le projet a été conçu en partenariat avec la start-up américaine Wright Electric et l’avion présenté devrait voir le jour d’ici une dizaine d’années, réservé aux « petits trajets », appelés aussi les courts courriers. C’est le premier projet avancé d’un avion de ligne prévu pour des vols commerciaux dès 2027 (au mieux des estimations de la compagnie), qui soit présenté à la presse mondiale. Si c’est aussi un très joli coup en matière de communication, cela ressemble toute de même bien à un projet qui en est à un stade d’avancement permettant d’envisager concrètement cette révolution électrique, qui rendrait à coup sûr notre ciel plus « propre ». Il n’est pas question pour le moment de grimper trop haut sur l’échelle des rêves aéronautiques (cela, Elon Musk et SpaceX s’en chargent très bien, avec leur projet martien) … L’avion électrique n’a donc en ligne de mire que les vols courts, comme Paris-Londres ou encore Londres-Amsterdam et Bruxelles-Paris, par exemple. Des vols dont les distances se situent donc entre 300 et 5000 kilomètres maximum. Convaincue que le prix du pétrole, et par voie de conséquence celui du kérosène dont se nourrissent les avions encore « normaux », vont augmenter… EsayJet est convaincue de pouvoir alors se libérer de la dépendance pétrolière, pour le plus grand bénéfice de ses finances et de ses dépenses en carburant. Ses recherches lui permettraient d’assurer au départ les liaisons intra-européennes et nationales, ce qui représente déjà un joli marché et surtout, le « cœur de cible » de la compagnie britannique. Le futur appareil sera équipé de moteurs électriques intégrés dans les ailes, pour une autonomie maximale de 540 kilomètres et pourra transporter entre 120 et 200 passagers, selon les versions.
Wright Electric et EasyJet : un partenariat qui vole vers le succès ?

La collaboration entre la compagnie à bas prix et l’américain Wright Electric semble parfaitement convenir aux deux entreprises et ils ne se privent pas de s’en féliciter. La start-up américaine avait été la première à lever un coin du voile, dès mars 2017. Elle se développe d’ailleurs à vitesse mach3 dans le domaine aéronautique et semble séduire les investisseurs. Elle a un objectif clairement avoué : faire de tous les courts courriers (de Paris-Londres jusqu’à New-York-Boston, par exemple) des « vols zéro émissions » d’ici à 2037, donc dans un délai de vingt ans. De son côté, EasyJet confirme que dans l’ADN commun des deux partenaires, il y a l’ambition bien réelle de rendre l’industrie aéronautique plus durable. La compagnie précise : « pour la première fois, nous pouvons envisager un avenir sans carburant et nous sommes enthousiastes à l’idée de faire partie du projet. Quand on parle de courts courriers électriques, la question est désormais quand et non plus comment ». Une vraie profession de foi ! Baisse des émissions polluantes, réduction des coûts… l’avenir du ciel semble bien petit-à-petit se développer électriquement et EasyJet pourrait, avec ce premier projet, prendre une belle avance sur tous ses concurrents. De son côté, Wright Electric joue directement dans la cour des grands. Fondée seulement en 2016 par un petit groupe d’ingénieurs aéronautiques, d’experts en moto propulsion et de chimistes spécialisés dans le domaine des batteries… qui aurait dit qu’elle en serait déjà là, à peine un an plus tard ? Ses responsables sont convaincus que leur collaboration avec l’entreprise basée à Luton (UK) est la preuve qu’ils ont choisi la bonne approche, dès le départ… On peut difficilement leur donner tort.
L’intérêt « propre » d’EasyJet ne date pas d’hier et ça la rend crédible.
Beaucoup se sont demandé si la compagnie anglaise était crédible dans son rôle de nouveau « Zorro » d’un ciel plus bleu… ou vert. Si on ne peut encore répondre vraiment à cette question, étant donné que son avion de ligne électrique n’est qu’au stade de projet, on peut tout de même se rappeler de quelque chose qui joue en sa faveur. Ce n’est en effet pas la première fois qu’elle se sent concernée par l’environnement et elle a déjà pas mal investi dans ses performances environnementales en achetant des Airbus « Néo », avions re-motorisés et nettement moins gourmands en carburant. S’étant rendue compte que les vols courts représentaient pas moins de 20% des vols qu’elle opérait, la compagnie a estimé qu’il fallait aller beaucoup plus loin, tant économiquement qu’en matière d’image de marque. Depuis 16 ans, elle a donc entamé une réelle « conversion » et diminué ses émissions de CO2 d’environ un tiers, passant de plus de 116 à un peu moins de 80gr par passager en 2016. Un joli résultat il faut l’admettre, et qui rend le projet électrique d’autant plus crédible, dans la prolongation d’une ancienne démarche « verte ». La flotte comprend déjà deux Airbus A320/A321 Néos. 98 autres sont en commande et seront livrés d’ici à 2022. Si l’avion est loin du « zéro émission » de l’électrique, il consomme tout de même 15% de carburant en moins et affiche une empreinte sonore à moitié moins forte au décollage que les autres. La compagnie affirme que les riverains d’aéroports où elle opère lui en sont déjà reconnaissants… il semble évident que si EasyJet relève son défi électrique, ces riverains deviendront bientôt des clients plus que fidèles !
Si les batteries, ainsi que leur poids, demeurent le problème majeur et que certains ne croient pas tout-à-fait dans les capacités des deux partenaires à réussir dans les délais annoncés, eux semblent très sûrs de leur projet. C’est donc cela qu’il reste désormais à évaluer… mais, seul le temps permettra de savoir si le ciel deviendra bientôt réellement branché !