Marin Kasimir est un artiste comme on aime à le dire, pluridisciplinaire; Pour le plus grand bonheur de son public Marin intègre dans une même œuvre : photographie, sculpture, architecture, urbanisme et mise en scène théâtrale.

Comme Alice, nous sommes invités en tant que visiteurs à avancer sur un parcours physique et sensoriel où les jeux de distorsion de l’espace et de mise en abyme n’ont de cesse de susciter une attention toute particulière et accrue sur le lieu environnant et sur sa propre perception. Qu’il s’agisse de ses tout premiers travaux sur l’anamorphose, de la mise en œuvre de « systèmes présentoirs d’images », d’œuvres installées dans l’espace public, l’intention de Marin vise toujours à multiplier les points de vue et à cristalliser ainsi une ambiguïté autour de la perception.
Depuis 1988, il utilise l’image panoramique de grandes dimensions qu’il intègre à des dispositifs spatiaux intérieurs ou spécifiquement conçus pour l’extérieur. L’artiste utilise une caméra panoramique, un appareil rotatif qui en tournant expose le film sur toute la longueur déroulée, la caméra pouvant effectuer dix tours complets de 360°, soit 3600°. Le temps d’exposition pouvant aller jusqu’à 20 minutes rend possibles de véritables conditions de tournage et restitue des moments différents d’une même scène. L’artiste combine ensuite des images prises dans différents lieux, confrontant ainsi diverses situations urbaines.
Par la réflexion qu’il mène sur le médium, « le panoramique » dont il repense les modalités techniques, Marin Kasimir échafaude des « théâtres du quotidien », des mises en scène ouvrant le regard sur notre réalité urbaine. Pour Marin, le quotidien devient un territoire privilégié d’expérimentation. « Le théâtre du quotidien » est apparu au début des années soixante‑dix. Son champ d’investigation est le monde des personnes humbles et l’univers des gens au travail, cadres et ouvriers. Son territoire est la quotidienneté, tout ce qui échoit, ce qui arrive d’ordinaire aux personnes. Dotée d’une autonomie structurelle, chaque séquence vaut en elle‑même, comme un segment, un instant non inscrit dans la linéarité d’une histoire.
Marin Kasimir est un artiste contemporain allemand né en 1957 à Munich, où il a fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts. Installé à Bruxelles depuis 1982, une part importante des œuvres s’articule sur le panorama photographique. Un procédé que Marin décline en installations publiques, ou également sous forme d’objets d’art tridimensionnels. En 1985, Marin a reçu le Prix de la Jeune Peinture Belge.
Depuis 1989, Kasimir a ajouté à son vocabulaire pictural et sculptural la photographie panoramique, comme œuvres indépendantes ou comme frises pour l’espace public. Plusieurs installations pérennes en témoignent: la station de Métro CERIA/COOVI à Bruxelles, (2003), le «Puzzle Impossible» à Rennes, commande publique (2004), une intégration dans le parking St Georges à Lyon, (2005), la «Frise en Fleur» à Bruxelles dans le programme du 101ème pour-cent, (2007) ainsi que d’autres installations à Munich, Amsterdam, Bordeaux, St-Niklaas, et un projet pour la Ville de Toulon, (2018).
En 1991, Marin Kasimir a été le premier artiste invité à l’Atelier Calder à Saché en France pour une résidence de 9 mois. Pour l’exposition «La Ville» au Centre Georges Pompidou en 1994, Kasimir a réalisé, en collaboration avec Frédéric Migayrou, un panoramique monumental de 4X36 m, «L’Image Excentrique», qui couvrait la totalité de la verrière des galeries contemporaines. En 2000, il est invité à participer à la Biennale d’Architecture de Venise, «More Ethics, less Esthetics» avec une grande installation appelée «Révélateur».

Si une grande partie du travail et des recherches de Marin Kasimir est dédié à l’espace public, il existe aussi des cycles d’images sans commanditaire : notamment tout ce qui concerne les Expositions Universelles, y compris l’Atomium à Bruxelles, le Grand Palais à Paris, le Pavillon de Mies Van Der Rohe à Barcelone et surtout une série de panoramiques sur Shanghai, utilisant les 400 derniers mètres de pellicule 70mm. Une grande partie de ces images sont publiées dans un autre livre d’artiste en 2010 : l’auto-commande «Better City, Better Life ».