De l’art ou du bidon ? Un programme peut-il devenir un artiste ? Si oui, est-ce toujours de l’art ? Tout un programme !
Chat GPT n’en finit pas d’alimenter les discussions. Qu’elles soient sur Internet et les réseaux ou entre les murs d’un bureau ou d’un resto, ce programme capte l’attention de tous, même de ceux qui s’en moquent ! Et l’Art ? Celui qui demande de la sueur, des taches et du talent ? Tout le monde ou presque a un avis sur Chat GPT. Sur l’Art également. Mais quand l’Art rencontre Chat GPT, les avis sont partagés. Pour les plus jeunes et les geeks, ce n’est pas un problème de réaliser une œuvre entière à partir d’un programme. C’est même novateur. Cela peut permettre à un artiste d’explorer de nouveaux univers en restant créatif. Mixer les styles, les couleurs, les médiums peut sembler délicat quant à l’harmonisation de l’ensemble d’une œuvre. Un programme peut être un plus pour faire fusionner des éléments considérés comme disparates. Apporter du virtuel dans un monde pictural très tangible reste cependant un exercice risqué mais faisable. Les deux peuvent par ailleurs cohabiter sur une toile. Rien ne l’empêche. Certains artistes peignent leurs sujets avant de réaliser des collages qu’ils insèrent dans leurs œuvres. Chat GPT peut travailler la main dans le clavier avec les créateurs qui veulent innover tout en restant maîtres de leurs réalisations.
Que dire alors des artistes qui n’en sont pas et qui se contentent d’utiliser Chat GPT sans rien d’autre ? Aucun talent particulier, aucune prédisposition artistique, aucun don… Ceux qui seront créés par la « machine ». Inversion des valeurs : la machine crée l’artiste. Si leurs œuvres plaisent au public et que celui-ci demande à rencontrer « l’artiste » qui se cache derrière, comment faire apparaître l’humain sans fards ni avatar ? Nous sommes arrivés à ce monde de science-fiction qui nous faisait rêver ou nous effrayait quand nous étions enfant. Les machines prennent le pouvoir et nous dépassent. Non. Pas tout à fait. Quels sentiments peuvent émaner d’un logiciel, d’un programme dont les battements de cœur sont binaires ? Que connaît-il du deuil qu’il est censé représenter sur la toile et du goût salé des larmes ? Des sentiments amoureux et de ceux, moins nobles mais tout aussi humains, de la haine ou de la jalousie ?
Si l’aide apportée par Chat GPT peut effectivement cimenter une œuvre afin de la pousser vers une harmonie pas si évidente à créer, cette aide logicielle, programmée, est-elle pour autant de l’art ? Ou de l’artifice ? Il est indéniable que l’humain a ses limites. Le virtuel aussi. Chacun peut compléter l’autre mais pas le remplacer. Le clavier n’est pas une extension de la main de l’artiste, ni de son pinceau ou de l’outil qu’il utilise. Il apporte un complément de projet direct mais sans en atteindre le don. Don commun ou majuscule, le talent ne se crée pas, il s’améliore tout au plus. Alors, allons-nous un jour nous rendre à l’exposition du peintre Chat GPT ? Il faudrait d’abord qu’une galerie accepte de l’exposer !
Et, surtout, comment annoncer au public que ce nouvel artiste dont tout le monde parle n’est autre qu’un talent programmé et virtuel, à l’instar des cryptomonnaies qui ne rempliront jamais nos portefeuilles ? La toile de l’artiste peintre est faite de coton, de lin et d’autres matériaux. Celle de GPT, de binaire, de codes et DE ? DE QUOI ? Au fait, la toile… ce n’est pas aussi le nom du Web ?